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Via Bern’Aventure – Le récit d’un départ plein d’espoir

Dimanche 22 juin. Tout avait pourtant bien commencé. Un petit groupe, principalement composé de ma famille, s’est réuni à 5h00 du matin à Bellelay pour assister au départ de la Via Bern’Aventure. À 5h30, je m’élance pour cette grande traversée.

Les sensations sont bonnes, je suis en forme, et j’arrive vers 9h00 à la centrale solaire de Mont-Soleil. Le soleil brille déjà fort et il fait chaud. Je filme, je publie des mises à jour sur mes réseaux sociaux — tout va bien.

Je redescends sur Saint-Imier, puis j’attaque la montée vers le Chasseral par le versant ouest, bien plus raide que prévu, car l’itinéraire initial par la Combe-Grède est fermé à cause d’intempéries ayant endommagé le sentier.

Après 6 heures d’effort et 38 km, j’atteins le Chasseral. Je prends le temps de faire une pause, puis repars en direction de Nods. Le soleil tape fort, la température monte jusqu’à 30°C. Je poursuis l’ascension du Mont-Sujet, redescends sur les Prés d’Orvin, et remonte ensuite sur Macolin.

Je bois beaucoup, je prends le temps de bien me reposer, mais la chaleur est accablante. J’arrive à Bienne vers 18h00, après 66 km et 2’300 m de D+. Enfin, vers 20h45, je parviens au-dessus de Studen, au lieu prévu pour passer la nuit.

C’est là que les premières vraies difficultés commencent. Je découvre de grosses cloques aux deux pieds, ce qui ne m’était plus arrivé depuis très longtemps. Je soigne comme je peux, j’installe mon campement, mais c’est rapidement le bazar total : tout est sorti de mon sac n’importe comment, je suis harcelé par les moustiques, je chauffe de l’eau pour mes pâtes lyophilisées… et au moment de manger : impossible de retrouver ma cuillère.

Je retourne tout. Rien ! Je finis par improviser avec le petit ciseau de mon couteau suisse. Je réussis à manger 4 ou 5 bouchées… mais rien ne passe. Je n’ai pas faim du tout.

Je me couche comme ça, sans dîner, et je mets le réveil à 5h00. La nuit est difficile, entrecoupée de réveils. Au matin, je me force à avaler mon petit déjeuner, sans appétit. Il me faut presque 1h30 pour tout ranger. Je repars de Studen vers 7h00, en prenant directement… le mauvais sentier. Je n’avais pas vu le panneau.

Malgré tout, les sensations ne sont pas mauvaises. Je n’ai pas mal aux jambes, mais je n’arrive pas à courir longtemps. J’alterne sans cesse entre course et marche. J’atteins Aarberg vers 9h00. Il fait de plus en plus chaud, je marche de plus en plus. Et là, la spirale mentale commence. Je gère comme je peux ce gros coup de mou psychologique.

Après 30 km, je suis exténué. Je m’allonge à l’ombre et dors près d’une heure. En repartant, rien ne s’améliore. Je ne cours plus du tout. Je sens que je suis vidé de toute énergie. J’appelle mon épouse pour lui dire que je vais essayer de terminer l’étape du jour et qu’on fera le point ce soir.

Mais deux heures plus tard, je prends la décision douloureuse de stopper là l’aventure.

Avec le recul, je réalise que j’étais au bord de la déshydratation. J’ai arrêté à temps, avant que cela ne devienne dangereux pour ma santé. C’est une décision difficile, et je me remets doucement de la déception de ne pas avoir pu aller au bout… Mais les conditions étaient vraiment extrêmes.